L’Espace 798 de Pékin (Dashanzhi)
L’espace Art 798 couvre une superficie de plus de 640hectares et est aujourd’hui devenu un des symboles cultes du nouveau mode de vie chinois, plus particulièrement de celui de la génération X, ces jeunes citadins qui ont grandis au cœur même des incessants vrombissements des grosses métropoles comme Pékin, Shanghai ou Canton.
Depuis que des artistes de tout calibre sont venus s’y installer en 2002, des galeries de peinture, ateliers de stylisme, bureaux de design, boites d’éditions, pied-à-terre de troupes de théâtre, cafés et restaurants occidentales, plate formes pour événements artistiques ont vu le jour. Petit à petit c’est là qu’un mode de vie occidentale style ‘loft’ mais interprété et mis en pratique par des Chinois, s’est réalisé.
L’espace Art 798 (DAD, Dashanzi Art District) ne s’arrête pas là, c’est aussi un exemple d’un beau mariage entre l’histoire communiste de la Chine et une nouvelle ère durant laquelle des sub-cultures se développent et se détachent avec toujours plus d’entrain du carcan de la bienséance confucianiste.
En 1954 un projet de collaboration entre la Chine et l’ex Soviet-Union choisi de transformer un immense territoire au nord-est de Pékin en un assemblage de fabriques d’électricité, un pionnier dans la branche à cette époque. La coopération ne s’avéra toutefois pas aussi fructueuse que prévue et c’est pourquoi on décida en 1957 de faire venir un architecte de l’Allemagne de l’Est. Ce dernier réalisa un bijou de l’architecture Bauhaus qui s’agrandit les dix premières années en sous-unités, dénommées par leur numéro d’usine. Le pant 798 résista au rude climat et profonds bouleversements qui marquèrent les dernières décennies chinoises, mais quand les grandes réformes furent lancées, les splendides hangars se retrouvèrent vides et sans aucune utilité.
De plus en plus de compagnies d’état fermèrent leurs portes et l’usine 789 n’échappa pas non plus au risque de la privatisation du secteur. La sous-union au numéro 789 se mourût lentement et il est certain qu’elle aurait périt sans crier garde si une flopée de personnages inventifs ne lui avait pas trouvé une nouvelle utilité, une nouvelle valeur. C’est en février de l’année 2002 qu’un Américain effectuant la programmation d’un site web d’art chinois loua un espace de 120m2, anciennement la cantine musulmane de l’assemblage d’usines. A l’arrière il aménagea sa compagnie, à l’avant son petit boui-boui. Attirés par le médiocre loyer et un potentiel d’espace infini, des artistes de toute souche vinrent graduellement remplir l’endroit de leurs créations avant-gardistes pour mettre sur pied L’espace Art 798.
Toutefois le DAD n’est pas devenu un gagne-pain dénué de sens, au contraire, une magnifique conversation d’égal à égal à lieu entre l’architecture industrielle d’un temps révolu et l’ingéniosité d’artistes parfois loufoques.
Enclavé entre souvenir et futurisme, le DAD est la marque-même de la nouvelle génération chinoise, curieuse de goûter à un nouveau mode de vie. C’est la réalisation d’un individualisme poussé à l’extrême quand on connaît le regard inquisiteur et la peur d’être diffèrent propre à la Chine traditionnelle.
Dans les médias chinois, les éloges qui lui sont attribués ne tarissent pas: ‘’un mode de vie haut en couleur qui porte ses responsabilités sociales‘’ ; ‘’la réalisation des besoins matériels et spirituels‘’; ‘’un mélange en toute égalité entre l’élite et le quidam‘’, ...
En septembre 2005 une enquête à été prélevée chez quelque 600 visiteurs, la première moitié d’identité chinoise et l’autre d’outre-mer. Chez les étrangers, 46% est européen contre 23,7% d’américains et 30,3% originaires d’autres pays. Du côté chinois, ceux du Nord de la Chine sont les plus nombreux, suivis de près par ceux du littoral et enfin en provenance du Nord-Est. 57,4% des visiteurs, chinois comme étranger n’a pas 30ans et en moyenne on s’y arrête un peu plus de trois heures. La plupart d’entre eux logent en moyenne 14nuitées à Pékin. Et par ordre de décroissance les visiteurs ont été agréablement surpris par les expositions de peinture (37,2%), celles de photos (28,9%), la sculpture (19,7%), le design (7,3%) et les performances d’art (5,1%).
Le DAD attire annuellement quelque 500.000 visiteurs, ce qui n’est toutefois pas suffisant pour le pays le plus peuplé au monde. Nombreux sont ceux et celles qui essaient de lui souffler un peu d’oxygène, mais malgré des pamphlets tel que «Visitez le Palais Impérial et la Muraille pour goûter à l’histoire impériale de la Chine et la DAD pour connaître son futur », son accessibilité reste difficile, les galeries diminuent à vue d’œil et cèdent toujours plus la place à des petites échoppes, ramassis de bricoles en tout genre.
Depuis 2004 s’y tient aussi annuellement le DIAF, l’abréviation pour ‘Dashanzi International Art Festival’. C’est un festival de beaux arts qui dure plus au moins un mois et attira l’an dernier plus de 80.000 spectateurs. Les performances et œuvres exposées ne sont pas strictement chinoises, c’est une plate forme ouverte à tout artiste de toute nationalité.
Pour tous ceux qui visitent la Chine, le DAD est un incontournable pour comprendre la Chine actuelle ou tout simplement pour sortir un tantinet des chantiers battus.
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